Ton travail ne te définit pas, tu as bien plus de valeur

Début juillet 2020, mon aventure avec l'équipe BearStudio a pris fin suite à plusieurs mois de réflexions : qu'ai-je envie de faire dans la vie ? 3 mois après, j'ai pu comptabiliser environ une cinquantaine de messages venant de ma famille ou de mes amis, me demandant où j'en étais professionnellement. Et cela a fini par m'exaspérer, ces demandes donnant l'impression que nous sommes des êtres uniquement définis par notre travail ou notre capacité à travailler. Je m'explique. 

NDLR : Après plusieurs mois sans écrire, la vibration qui me donnait cette envie d'écrire est enfin revenue ! Cette envie de partager se fait de nouveau sentir, et ça me fait un bien fou. Navrée d'avoir été silencieuse durant quasiment 1 an, mais j'ai eu besoin d'un bon bol d'air pour comprendre ce dont j'avais besoin. 

Ne plus trop comprendre ce que nous faisons et pourquoi nous le faisons

Il y a un soir où j'ai rapidement fait un retour en arrière sur mes dernières années. Depuis l'été de mon baccalauréat, je n'avais pas fait de pause de plus d'une semaine. Depuis 10 ans donc, je n'avais pas pris le temps de souffler plus de 7 jours. J'ai enchainé les études et les jobs étudiants pour pouvoir les financer, puis j'ai aussitôt enchaîné sur un CDI puis un second, avec un laps de temps minime entre les deux, juste le temps de déménager en réalité. Donc depuis 10 ans (bien que cela puisse sembler peu), j'avais laissé de côté le besoin de me reposer, car il faut le dire : le travail est une drogue pour moi. Quand je me lance dans un projet, j'ai beaucoup de mal à me stopper et à me déconnecter. 

Le confinement, la crise sanitaire, un nouveau futur qui se dessinait devant moi, m'ont fait prendre conscience que je n'étais plus vraiment certaine des choix que j'avais pu faire et de leur intérêt pour mon futur. Est-ce que me tuer à la tâche était la solution, et surtout la seule manière de me sentir vivante et utile ? J'ai alors eu l'impression de me prendre une grande claque en pleine figure en me demandant si mon métier était le bon, et si cette manière de vivre était la bonne. C'est tout ce cheminement qui m'a amené à la possibilité de quitter mon job, pour prendre le temps et réfléchir à la suite.

Prendre le temps, c'est la voute de toute cette "expérience". Au fil des mois, et ça ne fait que 3 mois, je réalise à quel point je n'avais jamais pris le temps. Pris le temps de me poser les bonnes questions, pris le temps de savoir ce qui devait animer mes journées et comment cela devait se dessiner pour mon futur. Pris le temps de m'imaginer dans 10 ans. Prendre le temps, voilà ce qui me fait réaliser que nous ne sommes pas dans la bonne démarche et qu'aucun de nous ne prend le temps.

Alors voilà, trois mois plus tard, et après vos nombreux messages pour me demander où j'en suis professionnellement, comme si sans cela je n'étais pas grand chose, je réalise à quel point le travail donne cette impression de définir qui nous sommes, alors que nous avons bien mieux à apprendre de la vie. Je peux être quelqu'un et avoir des ambitions, sans avoir de travail. A vrai dire, j'ai même de nombreux projets personnels que je voudrais pouvoir avancer, mais je culpabilise à vous lire me demandant si je travaille "enfin". 

Evidemment, certains de vos messages me demandant cela n'étaient pas forcément avec un fond négatif. Mais par moment, c'est un peu vécu comme "Et le bébé c'est pour dans combien de temps ?" (beaucoup de lecteurs comprendront à quel sentiment je fais référence). 

Faire une pause professionnelle, pour mieux revenir

L'avantage de faire une pause, c'est qu'au bout d'un moment le travail vous manque. Ces trois mois m'ont permis de pouvoir déménager, de vendre l'inutile et de clarifier plusieurs aspects de ma vie. J'ai aussi pu profiter de ma famille et me reposer (ça faisait tellement longtemps que je n'avais pas vécu sans contraintes, et encore, heureusement que je ne souhaite pas devenir mère !).  Sincèrement, que le travail me manque est une des meilleures sensations professionnelles qui soit, car je vais pouvoir reprendre une activité professionnelle qui aura un sens pour moi et surtout avec plaisir. Même si je fais le même métier et me heurte aux mêmes problèmes durant des mois, je saurai que durant quelques mois j'ai pu réfléchir à tout ça, qu'il y a d'autres possibilités et que je suis sereine face aux décisions prises. Je ne vais pas vivre cette reprise comme une contrainte, mais comme une envie sincère de travailler et d'appliquer ce que je sais faire. 

Je me lance donc en freelance, je me tente à cette aventure avec l'intime conviction que c'est le bon moment pour moi. J'attends avec impatience mon numéro de SIRET (qui se fait désirer). Peut être que je vais totalement me planter, peut-être que ce sera trop de stress. Mais au moins, j'aurai essayé. Et rien ne m'empêche ensuite de reprendre une activité en tant que salariée, dans le numérique, ou pas !

Et puis je pourrais enfin répondre à vos messages en disant que oui, je travaille (c'est une petite boutade, ne le prenez pas mal et imaginez un emoji qui vous fait un clin d'oeil car il devait être là mais ne s'affiche pas, ahah!).

Ceci n'est pas un article moralisateur, juste un constat

Je ne suis pas complètement à l'ouest non plus, dans toute cette histoire il y a aussi une réalité financière. C'est un aspect qui a été réfléchi et préparé de mon côté pour en arriver là. Je sais que pour beaucoup d'entre nous c'est une contrainte. C'est aussi ce qui nous pousse à travailler et à nous surpasser. Mais nous ne réfléchissons pas assez aux besoins réels que nous avons, surtout d'un point de vue financier. Regardez les économies que de nombreux français ont pu faire durant le confinement : moins d'achats inutiles permettent de se recentrer aussi sur l'essentiel.

Ce n'est pas un article moralisateur, c'est un simple constat de notre société et de notre culture. Si nous ne travaillons pas, nous ne sommes pas dans la norme que notre entourage peut imaginer. Loin de moi l'envie de vivre au crochet de la société, mais l'envie de vivre tout simplement en étant heureuse et non tributaire d'un métier.

Nous sommes tous différents avec des besoins tout aussi différents. Cet article ne fera sans doute pas écho chez certains d'entre vous, mais gardez juste en tête que votre famille, vos amis, vos envies et ceux qui vous entourent sont bien plus importants que votre travail. De la même manière, vos proches ont bien plus à vous offrir que leur simple vie professionnelle. Réfléchissez à ce dont vous avez le plus besoin, et recentrez vous sur ce point pour retrouver du bonheur dans votre quotidien, malgré la fatigue, malgré les problèmes et les ennuis. Il y a quelque chose qui vous fait forcément vibrer et qui vous aidera. Pendant un temps, le travail aura été ce qui m'a fait le plus vibrer, mais nous évoluons tous, il faut simplement ne pas se fermer à cette évolution.

P.S. : Non je n'ai pas "glandé" durant ces derniers mois

Loin du cliché de la chômeuse, je tiens quand même à préciser à certains détraqueurs que je n'ai pas passé mes trois derniers mois à me tourner les pouces devant Netflix. D'ailleurs, c'est bien la période de ma vie durant laquelle j'ai passé le moins de temps devant un écran ! J'ai remis de l'ordre dans ma vie, mon déménagement m'a pris un peu de temps, je me suis investie dans mon nouveau chez moi et son jardin, j'ai profité de mes proches, je me suis essayée à de nouvelles passions, et j'ai même effectué quelques tâches liées à mon futur professionnel ! Il me reste encore pas mal de choses à faire (dont la refonte de mon site professionnel) mais les choses avancent à leur rythme.

Désolé, je ne suis pas une chômeuse comme les clichés le voudraient. En même temps, je suis loin des clichés concernant la femme donc finalement tout ceci est assez logique.

Si vous avez réellement pris le temps de lire tooout cet article, je vous en remercie sincèrement. Ca peut paraitre bête, mais j'avais besoin de vider mon sac  ❤ 

Humeur

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